Le cerveau, cette formidable machine à complexifier

« Faites simple ! »

Vous avez sans doute, vous aussi, l’impression de devoir répéter régulièrement cette consigne à vos équipes. Peut-être partagez-vous aussi le constat que chaque initiative engagée pour améliorer la performance aboutit au final à des mécanismes et processus qui complexifient un peu plus le travail quotidien. Enfin, en prenant du recul sur ce qu’est devenue votre entreprise, vous pouvez vous faire peur devant la sédimentation, couche après couche, des règles et interfaces qu’il faut démêler pour arriver à faire avancer n’importe quel sujet…

Une expérience, publiée dans la revue Nature en 2021, a mis en évidence cette tendance systématique du cerveau à privilégier, devant un problème, une solution consistant à ajouter quelque chose plutôt qu’une solution consistant à soustraire. Un exemple frappant : pendant de nombreuses années – c’est comme cela que j’ai appris lorsque j’étais enfant – on a ajouté des petites roulettes à un vélo pour permettre l’apprentissage. Il est aujourd’hui démontré qu’une solution plus efficace consiste…à retirer les pédales !

Ce qui m’intéresse ici, c’est aussi que cette tendance peut être inversée, et simplement. Prenons une expérience au cours de laquelle l’échantillon des personnes a démontré une nette tendance à ajouter un élément. Si on la reproduit avec un autre échantillon en rappelant simplement au début de l’expérience qu’il est tout à fait possible de supprimer un élément, alors le résultat s’équilibre. Il y a fort à parier que l’ajout d’un élément fait appel à nos mécanismes rapides et automatiques de pensée (le système 1 de D. Kahneman), tandis que les mécanismes de réflexion vont estimer chacune des possibilités et retenir celle qui parait optimale. Autrement dit, pour nos cerveaux, soustraire un élément pour résoudre un problème demande un effort. Il demande aussi d’aller au-delà de notre aversion instinctive pour la perte. Si le même problème peut être résolu en ajoutant un élément, donc à effort minimal pour le cerveau, alors il sera privilégié de façon inconsciente. Sauf si vous provoquez systématiquement le système 2 dans vos équipes. Cela explique l’efficacité des démarches Lean, qui imposent de sortir du mode de pensée automatique pour s’interroger sur nos façons de pratiquer, et ainsi créer les conditions pour favoriser la simplification.


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